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L’Abbé de l’Épée, une histoire que l’on devrait conter

En 1756, naît la première véritable école publique pour sourds grâce à l’Abbé de l’Épée. Le combat pour l’éducation des personnes sourdes ou malentendantes n’est pas pour autant gagné...

La Langue des Signes a été inventée au 16ème siècle. Le moine bénédictin Pedro Ponce de Leon (un espagnol) en est l'initiateur. Il faudra cependant attendre 1756 pour voir naître grâce à l’abbé de l’Epée une première véritable école publique pour sourds. Il a été à l’encontre de la pensée de son temps et s’est battu pour l’éducation des personnes sourdes en légitimant ce mode de communication. La pensée commune prônait l’oralisme pure comme méthode pour éradiquer la surdité. Suivant cette même logique,  la Langue des Signes a été interdite de 1880 à 1977 (plus d’un siècle) en France, obligeant les personnes sourdes et malentendantes à être oralistes pures (sans aucune aide de moyens ou support visuel). L’encyclopédie française définit l’oralisme telle “une méthode pour enseigner la langue orale (parlée) à des sourds. L'oralisation est la capacité de la personne sourde à s'exprimer verbalement". L’oralisme est donc une adaptation de la personne malentendante pour la personne entendante. Cela a mené à une formation plus difficile pour ces personnes atteintes de surdité, privées de toute éducation adaptée et souvent vues à tort comme des personnes simples d’esprit. Il faudra attendre, en France, 1977 pour que la Langue des Signes soit à nouveau autorisée. En Belgique, elle a été officiellement reconnue grâce au décret du 22 octobre 2003 du Gouvernement de la Communauté française. Elle n’est malheureusement pas encore reconnue dans tous les pays du monde.

La Langue des Signes n’a bien sûr pas disparu pendant 100 ans: elle était pratiquée en cachette. En 1991, des enseignants commencent à signer. Aujourd’hui et cela depuis les années 2000, une école se distingue en Belgique de par son approche avant-gardiste. L’établissement Sainte-Marie à Namur, avec l’aide de l’association École et Surdité et l’encadrement de l’Université de Namur, permet la mixité des élèves sourds et entendants et offre par conséquent un enseignement qualitatif bilingue (français et Langue des Signes) et inclusif. Sur leur site internet, l’Institut Sainte-Marie développe sa démarche pédagogique: une minorité (quelques élèves sourds ou malentendants) est recréée au sein du groupe-classe majoritairement entendants. L’élève sourd est ainsi directement confronté à ce que sera sa vie hors de l'école : la vie parmi une majorité de concitoyens qui parlent et entendent le français. Tout le dispositif éducatif et pédagogique mis en place lui permet de vivre sans entraves sa déficience auditive, d’en tester les limites et les possibles.“ Seul bémol, elle est la seule du genre en Belgique et n'offre qu’une formation générale. Il manque à cet institut la liberté du choix des options pour les enfants sourds : transition technique, technique de qualification et option professionnalisante.