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Surdité et efforts de communication, un combat énergivore

Sur l’image, cinq ami.e.s et personnes sourdes ou malentendantes que nous avons eu la chance d’interviewer. Il.elle.s témoignent: la sensibilisation est clé lorsqu’on vient à parler de surdité !

Dans notre société, la personne sourde ou malendante est toujours celle qui doit s’adapter à la personne entendante malgré qu’elle possède déjà son handicap. La surdité est un défi dès la naissance car toute communication peut mener à une frustration. Or l’accès à la communication est un droit fondamental et une source d’épanouissement. Les personnes valides ne réalisent généralement pas les efforts de communication mis en place par la personne sourde ou malendante parce qu’elles ne sont pas confrontées à leurs obstacles au quotidien. Beaucoup de personnes ignorent par exemple que les personnes sourdes peuvent parler. Nos interviewé.e.s confient: “Ils peuvent par conséquent nous ignorer ou s'exclamer: "Ah, vous parlez, vous n’êtes pas sourd.e ? Et cela est faux ! Il est possible pour nous d'apprendre à parler grâce à la rééducation logopédique, la maîtrise de la lecture labiale et la suppléance mentale. Mais la parole n’efface pas notre surdité pour autant ! ” 
 
Un facteur clé à ce phénomène est le système éducatif belge. Il est peu développé pour ces personnes sourdes ou malentendantes menant à une privation de ce droit fondamental qu’est l’éducation et à une différence supplémentaire avec les entendants. Soulignons par ailleurs le travail essentiel réalisé par : l’institut Sainte-Marie à Namur, l’Institut Royal pour Sourds et Aveugles (IRSA) à Uccle et l’Institut Alexandre Herlin à Berchem Sainte-Agathe. L’éducation est la clé d’une société plus inclusive et pourrait donner naissance à des citoyen.ne.s sensibilisé.e.s même à des causes qui ne les concernent pas. L’institut Saint-Marie est précurseur d’un enseignement mixte (entendants, sourds et malentendants) et bilingue (français et Langue des Signes) en Belgique depuis les années 2000. Qu’attendons-nous pour multiplier ce genre d’initiatives ?
 
La Langue des Signes n’est apprise que par les personnes sourdes et malentendantes et leur entourage. Ils sont donc reclus dans un cercle fermé. Aucun citoyen valide ne se pose la question de l'apprentissage de la Langue des Signes avant celui d’une langue étrangère. Or dans un monde idéal, si toutes les personnes entendantes apprenaient la Langue des Signes (LS) nous posséderions en Belgique un système de communication visuelle universel. Selon l’asbl Apedaf (2018), “en Belgique, 10 % de la population souffre d'une déficience auditive plus ou moins importante. En Fédération Wallonie-Bruxelles, cela représenterait près de 25.000 personnes atteintes d'une surdité profonde à totale et 425.000 personnes malentendantes.” En 2016, la FFSB (Fédération Francophone des Sourds de Belgique) recensait 1 002 844 personnes sourdes et malentendantes. Ce nombre n’est-il pas une raison suffisante pour apprendre la langue révolutionnaire qu’est la LS ? 
 
Il y a également une méconnaissance de la culture sourde dans la société belge. Certains citoyens, voire fonctionnaires, peuvent prendre peur au contact d’une personne sourde, la penser dangereuse ou agressive alors qu’elle s’exprime juste en Langue des Signes vivante. Les sourds sont reconnus pour leur communication très expressive et parfois l’émission de sons, mots. La sensibilisation est clé sur cette thématique.