Ben X
Ben est différent. Il ne dit rien. Il n'est vraiment pas comme les autres. Deux copains l'attendent régulièrement à l'arrêt du bus, ils ne lui veulent pas du bien. Ben a un plan pour s'en sortir, il n'a pas le choix. Mais quand Barbie débarque dans sa vie, elle bouleverse ses projets
Extrait du livre :
Treize réverbères à gauche. Traverser un passage pour piétons de huit bandes. Quinze réverbères à droite. Traverser un passage pour piétons de sept bandes. Seize réverbères à droite. L'arrêt de bus. Depuis qu'il savait compter, il comptait tout. Cela remontait à sa plus tendre enfance. Depuis qu'il était bébé, il avait gravé dans son esprit des itinéraires bien définis qu'il s'efforçait de respecter obstinément, même s'il ne se déplaçait alors qu'à quatre pattes. Changer de chemin, c'était l'incertitude et l'incertitude, c'était l'angoisse.
Le bus passait tous les jours à 7 h 27. On pouvait compter dessus. C'était sûr. C'était bon. Après, c'était la guerre. Après, c'était essayer de survivre. Chaque jour. Car les règles du jeu changeaient chaque jour.
Prenez sa place dans le bus par exemple, derrière ces portes mécaniques qui le fascinaient depuis son enfance. Qui pouvait lui garantir que personne ne s'y fût assis avant lui ?
Un ado boutonneux pouvait très bien s'être affalé dessus ou, pire, un quelconque boudin y avait peut-être même étalé ses grosses fesses ! La seule protection dont il disposait, c'était son baladeur. Il le mettait à fond et il fermait les yeux. Il se laissait ballotter par les zigzags du bus, comme il se faisait ballotter dans la vie par ce qui l'entourait.
Se faire petit. Invisible. Pas si simple pour un garçon d'un mètre quatre-vingt-treize aux cheveux noirs comme le jais et à la peau si pâle qu'elle aurait fait rougir une feuille de papier. C'était inévitable. Plus il essayait de passer inaperçu, plus les autres le fixaient, comme une vieille dame qui vient de se faire écraser sur la route.
Treize réverbères à gauche. Traverser un passage pour piétons de huit bandes. Quinze réverbères à droite. Traverser un passage pour piétons de sept bandes. Seize réverbères à droite. L'arrêt de bus. Depuis qu'il savait compter, il comptait tout. Cela remontait à sa plus tendre enfance. Depuis qu'il était bébé, il avait gravé dans son esprit des itinéraires bien définis qu'il s'efforçait de respecter obstinément, même s'il ne se déplaçait alors qu'à quatre pattes. Changer de chemin, c'était l'incertitude et l'incertitude, c'était l'angoisse.
Le bus passait tous les jours à 7 h 27. On pouvait compter dessus. C'était sûr. C'était bon. Après, c'était la guerre. Après, c'était essayer de survivre. Chaque jour. Car les règles du jeu changeaient chaque jour.
Prenez sa place dans le bus par exemple, derrière ces portes mécaniques qui le fascinaient depuis son enfance. Qui pouvait lui garantir que personne ne s'y fût assis avant lui ?
Un ado boutonneux pouvait très bien s'être affalé dessus ou, pire, un quelconque boudin y avait peut-être même étalé ses grosses fesses ! La seule protection dont il disposait, c'était son baladeur. Il le mettait à fond et il fermait les yeux. Il se laissait ballotter par les zigzags du bus, comme il se faisait ballotter dans la vie par ce qui l'entourait.
Se faire petit. Invisible. Pas si simple pour un garçon d'un mètre quatre-vingt-treize aux cheveux noirs comme le jais et à la peau si pâle qu'elle aurait fait rougir une feuille de papier. C'était inévitable. Plus il essayait de passer inaperçu, plus les autres le fixaient, comme une vieille dame qui vient de se faire écraser sur la route.