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Avant de nous aider à mourir, aidez-nous à vivre !

Nous vous retranscrivons ici l’Editorial de Jean-Marie Huet, président de l’ABMM, dans la revue de cette association, à propos du débat sur l’euthanasie qui a fait coulé tant d’encre il y a peu.

Autonomia adhère à cette réflexion sur la qualité de vie des personnes handicapées (Coup de Plume n°66 – septembre – octobre 2000).

«Le débat autour de Jean-Marie LORAND a déjà fait couler beaucoup d’encre. Nous avons décidé de ne pas nous prononcer au nom de l’ABMM sur son choix car celui-ci est éminemment personnel.

D’autre part, il ne nous appartient pas de déterminer une position associative sur un tel sujet car toutes les sensibilités existent au sein de l’ABMM.

Cependant, le choix qu’il a effectué a une incidence sur chacun d’entre nous.

En effet, à l’occasion des nombreux articles de presse et autres reportages, les préjugés sur la qualité de vie des personnes handicapées se sont étalés dans tous les commentaires. On a assisté à des généralisations abusives, à des exagérations, à des erreurs manifestes dans la description de certaines maladies. Là, l’ABMM a réagi mais comme d’habitude, une grande partie de la presse (évitons de généraliser à notre tour) préfère le sensationnel et nos interpellations n’ont pas trouvé grand écho. Les nombreux exemples positifs vécus au quotidien n’intéressent pas beaucoup de monde, ce sont pourtant de tels témoignages qui peuvent aider une personne à accepter sa situation sans négliger les apports positifs sur les représentations sociales du handicap et de la maladie.

D’autre part, lorsque le débat sur l’euthanasie sera terminé, ne serait-il pas intéressant que le législateur se penche avec la même ardeur sur les nombreuses législations qu’il faudrait encore modifier ou créer pour améliorer notre qualité de vie ? Améliorer le statut de la personne handicapée (et principalement celui des cohabitants), prendre en charge totalement toutes les aides techniques nécessaires et notamment les fauteuils roulants électroniques, aider massivement la recherche médicale, prendre en charge des traitements ou analyses très spécifiques, développer les services aux personnes dans leur milieu de vie (y compris les soins palliatifs), développer les transports adaptés, améliorer l’accessibilité, … voilà quelques uns des chantiers qui peuvent nous aider à mieux vivre !

Je voudrais terminer cet édito en ayant une pensée pour tous ceux et toutes celles qui, enfant, adolescent ou adulte, nous ont quitté avec pourtant la rage de vivre.»

DATE DE PARUTION DANS LE MENSUEL AUTONOMIA : OCTOBRE 2000