Aller au contenu

Droit de vie ou de mort : au nom de quoi ? L’affaire Perruche, novembre 2000.

L’affaire a fait grand bruit et causé beaucoup d’émois auprès des personnes handicapées et de tous ceux qui vivent le handicap au quotidien.

En effet, les tribunaux français ont prononcé un jugement favorable à la requête de parents d’un enfant handicapé, les Perruche, pour une indemnisation suite à une erreur de diagnostic prénatal.

Concrètement, le médecin affirmait que, malgré la rubéole de la maman, il n’y avait aucun risque pour l’enfant, or l’enfant est né handicapé. Les parents estiment qu’ils n’ont pas eu le choix d’avortement ou non puisque ne se posait pas le problème de handicap. Au nom de leur enfant, ils ont donc intenté une action en justice pour réparation du préjudice.

Finalement, ils remettent en cause la naissance de leur enfant … au nom de leur enfant.

Cette décision du tribunal est un acte d’eugénisme inacceptable. Il remet en cause le droit de vie des personnes handicapées. Il ouvre la porte à toutes les formes d’avortement thérapeutique, d’euthanasie, de non-réanimation de la personne accidentée, … avec, pour se donner bonne conscience, l’assurance que c’est pour le bien de celle-ci.

Cette philosophie inculque l’idée qu’aucune personne handicapée (sans distinction de type de handicap ou de gravité) ne puisse vivre heureuse et être contente de vivre. Non pas contente d’être une personne handicapée, mais contente de vivre, tout simplement.

Les témoignages existent nombreux, de personnes qui ont peur qu’on décide pour eux de leur mort («c’est mieux pour lui, il était paralysé»), de personnes qui voulaient mourir après avoir pris connaissance de leur nouvel handicap et qui ont réappris à vivre et changé d’avis sur la mort, de parents qui vivent difficilement le handicap de leur enfant mais qui reconnaissent la richesse de sa présence, …

Si les parents Perruche avaient justifié leur action sur le fait qu’ils ne voulaient pas d’un enfant handicapé, le débat aurait été autre. Mais ici, ils ont agi en parlant au nom de leur fils handicapé âgé de 18 ans.

Sûrement qu’il y a des personnes handicapées qui regrettent de vivre et qui souhaitent mourir. Mais il y a aussi des valides qui souhaitent mourir … Et combien de personnes handicapées souhaitent-elles vivre? Il faudra le clamer haut et fort car les politiciens, les juges et aussi le public entendent ceux qui pleurent (la mort de Jean-marie Lorent, l’Arrêt Perruche, …) et risquent d’en tirer des conclusions hâtives.

Alors, plutôt que de parler de droit de vie ou de mort en raison du handicap, parlons d’aide sociale, psychologique et financière pour tous ceux qui vivent, souvent difficilement cette situation !

A.-C. J.