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Les personnes handicapées flamandes sont entrées dans le 3ème millénaire par la grande porte.

Le Gouvernement flamand a voté, le 15 décembre 2000, un arrêté établissant les conditions d’octroi d’un budget d’assistance personnelle (BAP) aux personnes handicapées

A l’essai depuis 2 ans, ce système a été reconnu en Flandre, comme indispensable pour permettre aux personnes handicapées de réaliser ou d’améliorer en toute indépendance leur intégration dans la vie sociale.

Ce budget d’assistance personnelle, BAP, est une allocation octroyée directement à la personne handicapée pour financer les frais d’un «assistant personnel». Cet assistant est une ou plusieurs personnes, employées par la personne elle-même, à son domicile ou dans ses activités sociales, pour réaliser, selon ses besoins, les actes dans les domaines suivants:

1° activités ménagères et physiques et lors des déplacements;

2° actes de la vie journalière à l’école et au travail;

3° activités journalières;

4° planning de l’avenir, développement d’un réseau social, santé et sécurité, coaching, stimulation du développement des jeunes enfants, apprentissage de l’autonomie, …

5° accueil spécialisé pour enfants.

Pour pouvoir bénéficier d’un BAP, les personnes handicapées doivent présenter une demande motivée qui devra être approuvée par une commission d’experts. Elles doivent en outre démontrer qu’elles peuvent se maintenir dans leur milieu familial moyennant une assistance raisonnable.

Elles doivent formuler dans leur demande une proposition sur la nature et le nombre d’heures d’assistance demandée ainsi qu’une description du mode d’organisation de l’assistance dans le cadre de leur intégration sociale.

Aucun cumul du BAP avec l’aide délivrée par une structure pour l’accueil, le traitement et l’accompagnement de personnes handicapées ou par une famille d’accueil n’est possible.

Le titulaire du budget est l’employeur de l’assistant personnel et conclut en cette qualité un contrat d’assistance personnelle. Il peut aussi faire appel aux services d’un conseiller en assistance. Ce dernier établit en accord avec le titulaire du budget un plan d’assistance, suit l’exécution de ce plan d’assistance, apporte au besoin son soutien et corrige si nécessaire.

Le Fonds flamand octroiera, en 2001, un BAP à 400 personnes handicapées au maximum, dont 150 séjournent dans une structure semi-résidentielle ou résidentielle pour l’accueil, le traitement et l’accompagnement de personnes handicapées au moment de l’octroi du BAP.

L’assistance indemnisable peut s’élever, par personne et sur base annuelle, entre 300.000 francs au minimum et 1,4 millions de francs au maximum.

Ce système a d’ailleurs fait ses preuves dans le Nord de l’Europe (pays scandinaves, Pays-Bas, …). Il permet en effet à des personnes gravement handicapées, de mener leur vie chez eux, en dehors de toute institution, …

Et les wallons alors ?

J. Dassin chantait : «Qu’il est long, qu’il est loin ton chemin papa, …» Cette phrase résume bien la situation des belges francophones en matière d’autonomie …

La Wallonie (AWIPH) se bat encore pour ses structures classiques et «dépassées». Ses choix budgétaires d’accorder 11,5 milliards aux institutions et ETA et seulement 190 millions pour les aides techniques (rien pour l’accessibilité, ni pour l’assistance personnelle) empêchent toute initiative malgré les nobles priorités fixées par l’AWIPH elle-même, à savoir, le maintien de la personne en priorité dans son milieu de vie ordinaire.

Cela ne peut plus durer! Les personnes handicapées demandent un plan et des échéances pour le rééquilibrage des budgets. Si l’AWIPH veut rester crédible, elle doit être à l’écoute réelle des personnes handicapées et pas seulement des institutions … Elle doit réagir et aller de l’avant, suivre l’exemple flamand et favoriser la prestation plutôt que les prestataires, seule formule, à nos yeux, qui replace la personne handicapée au centre des décisions.

Il est temps que l’argent de la solidarité soit directement versé, sans intermédiaire, aux intéressés, afin qu’ils puissent être réellement maîtres de la construction et de la trajectoire de leur propre autonomie. Qui, mieux que la personne elle-même, connaît ses propres besoins?

C. Angelo & A.-C. J.