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Les pionniers du handicapisme

Manifestation de militants du DIA («Disabled In Action») à New York : la défense des droits de l’homme n’est pas le monopole des valides

Les droits des personnes handicapées mobilisent de nombreux mouvements aux USA tant au niveau des soins que de l’éducation, des transports, (…), du travail, de la vie de couple. Le Conseil National du Handicap est une agence fédérale indépendante de quinze membres nommés par le Président et le Sénat. Le NCD fait des recommandations au Président et au Congrès pour une meilleure intégration. Les 49 millions d’Américains ayant un handicap font entrer le handicap dans la normalité, la banalité du quotidien. (…)
Si les grosses associations que sont l’American Association of People with Disabilities, le Consortium des Citoyens Handicapés (qui fédère une centaine d’organisations), le National Organization on Disability sont l’équivalent en plus modernes de l’APF, on trouve l’émanation du Mouvement pour la Vie Autonome le TLG («Trought the Looking Glass») qui s’adresse aux conjoints handicapés.
L’Institut de la Culture Handicapée est certainement l’une des organisations les plus pertinentes aux USA. Cet Institut «vise à promouvoir l’histoire, les activités, et l’identité culturelle des personnes ayant des handicaps à travers le monde». (…)
Dans son ouvrage «Independent living : theory and practice» (1994), Steven Brown présente la philosophie de la Vie Autonome à partir de l’expérience vécue dans des Centres de Vie. A la base, il ressort que chaque individu est différent et unique, que les personnes handicapées sont les meilleurs experts de leurs besoins. Chaque handicapé utilisant un fauteuil roulant est unique. (…) Chaque individu a besoin d’une aide ajustée. Le handicap n’est pas statique mais dynamique. Chaque individu et chaque handicap est différent et unique.
Plus que l’activisme politique, Brown pense que l’avenir se joue sur le terrain culturel. (…)
Le mouvement pour les Droits des Handicapés est né aux USA durant les années 60 lorsque des personnes ont commencé à contester les stéréotypes dominants. Ed Roberts, un ancien polio, ventilé et paraplégique, brisa les barrières éducatives en devenant l’un des premiers handicapés lourdement atteints à entrer au collège. (…) L’expérience de chacun permit de mieux comprendre l’oppression dont souffraient les personnes handicapées. L’activisme politique dans les années 70 puis la naissance d’une presse handicapée dans les années 80 s’en suivit. Le résultat le plus important de ces débats fut l’évolution de la perception du handicap. Les centres de vie autonomes et l’intérêt des universitaires ont diversifié les approches. Toutes ces activités ont contribué à développer une «culture du handicap». Mais ce sont les artistes qui l’ont rendu la plus accessible (…). Brown conclut «les personnes handicapées ont formé une identité. Nous avons une histoire commune de l’oppression et de l’exclusion. Nous avons créé de l’art, de la musique, de la littérature et d’autres expressions vivantes, notre culture, nés de notre expérience d’handicapés. Le plus important est de nous penser comme un peuple. Nous clamons que notre handicap fait partie de notre identité. Nous sommes ce que nous sommes: nous sommes le peuple des handicapés» (1996). (…)
Le mouvement ADAPT fait partie des plus virulents. Partisan de la non-violence et de la désobéissance civile, ADAPT (American Disabled for Attendant Program Today) s’investit dans les services à domicile ou les institutions.
Le plus radical de tous est le Disabled In Action, une association de lutte antidiscrimination. Fondé en 1970, ce mouvement pour l’égalité s’est donné pour slogan «rien sur nous sans nous». Ce mouvement démocratique combat pour l’élimination des barrières qui empêchent les citoyens d’être égaux. DIA (Disabled in Action) est dirigé par des personnes handicapées. Les objectifs du DIA sont de faire prendre conscience à tous que le paternalisme est dépassé et qu’il est temps de mettre un terme à l’oppression qui frappe les individus handicapés. Promouvoir sa capacité de vivre indépendant passe par un accès à l’éducation, au travail, à la santé, aux transports, aux télécommunications et donc une «politique globale». Pour y parvenir, il s’agit d’investir les radios, la TV, la presse, de diffuser «The DIA Activist», participer à des forums, des conférences. Travailler à l’application de la loi, participer à des démonstrations publiques, organiser des manifestations (notamment contre le paternalisme du Téléthon américain de la MDA), des seat in. Avec l’ADAPT, le DIA revendique un programme national d’aide. Avec le mouvement Not Dead Yet, le DIA dénonce la légalisation du suicide assisté. Utopiste ? Non, les actions du DIA ont permis de faire adopter un certain nombre de lois. DIA se veut une force de changement qui milite pour une société libre du racisme, du sexisme, de l’homophobie, antivieux, antihandicapés et l’exploitation économique. (…)
Dans la catégorie activiste doit être rangée le DAN. Le DAN (Disabled Action Network) est l’équivalent anglais d’ADAPT. Ces handicapés anglais militent pour l’accès des transports. (…) Le DAN somme le gouvernement de déterminer un programme d’accessibilité des transports et surtout de s’engager avec un calendrier. Le DAN pense qu’il est possible de rendre tous les bus et trains accessibles en 2007, d’acheter des bus accessibles dès 1998, de former les employés à l’assistance aux personnes handicapées, d’accueillir des personnes handicapées dans des commissions.
La libération des citoyens handicapés est en marche !


Texte complet sur le site "Le Collectif des Démocrates Handicapés" :