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Obstacle à l’emploi : les allocations aux handicapés

Exclusion organisée : comment faire plus avec moins !

Le Ministère des Affaires sociales, de la Santé publique et de l’Environnement a édité une brochure visant à informer la personne handicapée et ses proches des conséquences de la mise au travail sur le droit à ses allocations1.

Dans son introduction, le Ministère dit que les craintes de la personne handicapée ne sont guère justifiées quant à la perte de son droit aux allocations et qu’elle a généralement intérêt à aller travailler.

En effet, sans nier la plus-value sociale qu’un emploi apporte au processus d’intégration et d’autonomie, il faut être conscient des avantages et inconvénients du point de vue pécuniaire avant de faire un choix.

La personne handicapée a intérêt à aller travailler, car elle aura toujours droit à l’allocation d’intégration et à l’allocation de remplacement de revenus :

• si elle est certaine que sa tentative sera infructueuse et qu’elle ne gardera son emploi qu’au maximum pendant 6 mois.

• si c’est un contrat à durée déterminée inférieur ou égal à 6 mois.

• si les revenus de son travail sont suffisamment bas pour ne pas justifier une diminution des allocations.

• si elle avait une allocation avant le 1er janvier 1975

La personne handicapée n’a pas intérêt à aller travailler, car elle n’aura même plus droit à l’allocation d’intégration :

• si sa tentative de travail est fructueuse et qu’elle touche un salaire normal.

• si c’est un contrat à durée indéterminée ou déterminée supérieur à 6 mois et que les revenus du ménage sont suffisants pour déclencher la suppression de l’allocation d’intégration.

• si elle avait droit à l’allocation à partir du 1er janvier 1975.

Le fait de travailler lui fait également perdre les droits liés à l’allocation d’intégration comme le tarif préférentiel en matière de soins de santé, de logement social, tarif social gaz et électricité…

On peut dire que, du point de vue pécuniaire, la personne handicapée qui travaille, avec un salaire décent, est généralement perdante.

L’allocation d’intégration est accordée à la personne handicapée qui, en raison de la réduction de son autonomie, doit supporter les frais supplémentaires pour s’intégrer dans la vie.

Or, le droit de la percevoir est conditionné par sa situation familiale, sa position sociale et ses revenus, critères qui n’ont pourtant aucune incidence sur le surcoût qu’entraîne le handicap. Il n’est donc pas normal qu’ils interviennent dans le calcul de cette allocation.

Nous défendons que le surcoût du handicap soit reconnu et compensé pour lui-même.

La situation actuelle est perverse car elle pénalise les gens qui veulent s’intégrer en travaillant ou en se mettant en ménage. Mais on continue à faire croire au grand public que l’allocation d’intégration, comme son nom l’indique, favorise l’intégration.

Un enfant a droit à la gratuité de l’enseignement, les ménages ont droit aux allocations familiales, quels que soient leurs revenus… Il est temps qu’on reconnaisse réellement que l’égalité des chances est plus qu’un slogan.

Un premier pas serait d’accorder l’allocation d’intégration sur base exclusive du degré de handicap.

Trois travailleurs handicapés, Frida Baudoin, Martine Gooskens et Cléon Angelo.

1 Vous pouvez vous procurer la brochure " Mise au travail et allocations aux handicapés " auprès du Ministère des Affaires sociales, de la Santé publique et de l’Environnement, Administration de l’Intégration sociale, Direction d’Administration des Prestations aux Handicapés, rue de la Vierge noire 3c, 1000 Bruxelles.