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Personnes à mobilité réduite : quel accès aux lieux publics ?"

Se déplacer en rue, aller à la poste, prendre le train, pour la plupart des citoyens, un geste banal; pour les personnes à mobilité réduite, un parcours trop souvent semé d’embûches, comme le montre une double enquête de Test-Achats.

Dans son numéro de janvier, Test-Achats publie les résultats de cette double enquête sur l’accessibilité des lieux publics aux personnes à mobilité réduite (PMR), c’est-à-dire, entre autres, aux personnes se déplaçant en chaise roulante ou marchant avec difficulté, avec une canne ou des béquilles, ainsi qu’aux aveugles et malvoyants.

15 bâtiments sur 61 sont réellement accessibles en toute autonomie.

Test-Achats a visité 61 bâtiments (gares, postes, offices du tourisme, centres culturels, grands magasins, services d’état civil, bâtiments parlementaires, aéroport de Zaventem) répartis dans 9 villes du pays et a examiné trois aspects :

• dans quelle mesure les personnes à mobilité réduite peuvent-elles atteindre le bâtiment (y a-t-il des parkings adaptés, des bordures ou obstacles sur la voie d’accès, etc ?),

• dans quelle mesure les personnes à mobilité réduite peuvent-elles entrer (entrée de plain pied ou par un escalier, porte facile à ouvrir, etc ?),

• dans quelle mesure les personnes à mobilité réduite peuvent-elles y effectuer des opérations (accéder, selon le cas, au guichet, au quai, à une salle ou aux rayons, utiliser les WC, les téléphones éventuels, etc).

Test-Achats a été très sévère dans ses appréciations, en partant du principe que les bâtiments doivent être accessibles aux PMR se déplaçant seules. Dès qu’il faut l’aide d’une tierce personne, ne fût-ce que pour ouvrir une porte, le bâtiment s’est vu sanctionné d’une cote négative pour l’aspect étudié.

Au total, seuls le centre commercial bruxellois visité (le Cora d’Anderlecht) et le bureau de l’état civil de Gand répondent à la fois aux trois critères de Test-Achats et sont donc complètement accessibles aux personnes seules. Dans tous les autres cas, il y a donc au moins un aspect qui pose problème : trottoir peu praticable aux alentours immédiats, entrée par un escalier, porte trop lourde à tirer ou à pousser, ascenseur ou WC trop petit, guichet trop haut, etc.

Dans l’ensemble, ce sont les hypermarchés qui sont les plus accessibles (rien d’étonnant à cela, puisqu’ils sont conçus par définition pour l’utilisation de charrettes), tandis que les bureaux de poste ferment la marche - c’est le cas de le dire, puisque le problème est précisément qu’il y a souvent des marches infranchissables à l’entrée.

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La parole aux personnes concernées.

Dans le second volet de son enquête, Test-Achats laisse la parole aux personnes à mobilité réduite. Pas moins de 77% d’entre elles disent avoir déjà dû renoncer à l’une ou l’autre activité pour cause de difficultés de déplacement. Ces difficultés se posent non seulement dans les bâtiments, mais aussi sur la voie publique; ainsi, on ne compte pas les bordures de trottoir infranchissables pour les personnes en chaise roulante ni les obstacles imprévus (poteaux ou voitures sur le trottoir, par exemple) qui gênent considérablement la marche des aveugles. Sans compter que, même s’il y a des aménagements prévus pour les PMR, celles-ci ne peuvent pas toujours en profiter : WC transformé en débarras, ascenseur en panne, plan incliné menant à une porte fermée, places de parking squattées par des véhicules qui n’ont rien à y faire, sont malheureusement monnaie courante.

Une réglementation à efficacité très réduite !

Une loi a été votée en 1975 pour favoriser l’accessibilité des bâtiments publics aux PMR : depuis cette époque, un permis de bâtir ne peut être accordé pour ces bâtiments que s’ils répondent aux normes d’accessibilité fixées par les autorités (aujourd’hui, les Régions). Près de vingt-cinq ans plus tard, Test-Achats constate que la situation ne s’est pas beaucoup améliorée sur le terrain :

• d’une part, la loi ne s’applique qu’aux bâtiments pour lesquels on demande un permis de bâtir; il n’y a aucune obligation d’adapter les bâtiments existants;

• d’autre part, il n’y a pas de contrôle sérieux de la conformité du projet aux normes d’accessibilité, de sorte que la loi n’est guère respectée en pratique.

Test-Achats demande donc d’instaurer un contrôle préalable strict mais aussi des sanctions radicales au cas où les travaux s’écartent du projet et que le bâtiment ne répond finalement pas aux normes d’accessibilité. Il est en effet essentiel de permettre aux personnes à mobilité réduite de se déplacer en toute autonomie, facteur essentiel d’intégration.

Source : DIFFERENCES Asbl