Aller au contenu

Pourquoi apprendre l’usage du SMS

Les sourds au téléphone : avec les mini-messages, il n’est plus nécessaire d’entendre ni de parler pour utiliser le téléphone

Que peut faire un sourd d’un téléphone? Pas grand’chose, évidemment. Quoique... Depuis l’arrivée des mini-messages sur les réseaux GSM, de nombreux malentendants sont devenus de véritables accros du téléphone portable. Un moyen de communication qui ne requiert ni l’ouïe ni la parole, qu’on peut emporter partout, et qui met entendants et sourds sur un pied d’égalité parfaite: une révolution!

Bien sûr, il y avait déjà le fax, et même le mobile-fax. Mais peu de gens en sont équipés. Tandis que le GSM... "Ça a changé ma vie. Maintenant, je suis libre!" dit Christelle.

Christelle, 30 ans, n’est pas sourde de naissance et s’exprime oralement sans difficulté. Elle explique: "avant, quand j’avais besoin d’appeler un proche d’urgence, je devais arrêter quelqu’un dans la rue, lui expliquer ma situation et lui demander de téléphoner pour moi. Avec ça, dit-elle en brandissant son portable, je me débrouille seule, je suis autonome!"

Auparavant, Christelle utilisait surtout le fax pour communiquer à distance. "Mais le problème avec le fax, c’est qu’on n’a pas de réponse immédiate. Le fax passe, mais il n’y a personne à l’autre bout pour le recevoir; comment le savoir? Quand j’envoie un mini-message, on me répond: reçu, c’est presque instantané. Vous savez, il y a un slogan qui dit: le bonheur, c’est simple comme un coup de fil. Mais pour un sourd, ce n’est pas simple, un coup de fil! Aujourd’hui, quand j’ai envie de dire je t’aime à Arnaud (son compagnon, sourd également) je ne dois plus attendre d’accéder à un fax!"

Quand on s’adresse à Pascale, on ne devine pas qu’elle est gravement malentendante. Elle lit sur les lèvres, s’aide de ses appareils auditifs, et s’exprime elle-même à la perfection. Mais quant à téléphoner... "J’ai essayé la boucle à induction (qui permet de brancher le récepteur du téléphone directement sur l’appareil auditif, pour amplifier le son) mais ce n’est pas pratique. Sinon, je n’entends qu’un tout petit peu, et comme je dois enlever mes appareils à cause des interférences, je ne m’entends plus moi-même et je crie très fort. C’est un spectacle!" dit-elle en riant. Le mari de Pascale est, lui, sourd profond. Il est architecte. Les mini-messages ont été un progrès considérable dans l’exercice de sa profession, qui le met continuellement en contact avec des entendants. "Il est très souvent en déplacement, sur chantier. Avant, il était tout simplement impossible de le joindre. Avec le SMS, il reste toujours contactable."

Un tarif adapté.

Petit problème: tous les entendants ne sont pas encore dans le coup! "Quand j’envoie des SMS à des amis entendants, beaucoup me répondent encore par téléphone... et je n’y comprends quasi rien! dit Dominique, gravement malentendant. Ils m’avouent qu’ils ne savent pas se servir du SMS. Il y a encore une éducation à faire."

Gros problème: le coût. Les sourds sont des utilisateurs intensifs du SMS. A 5 ou 6 FB le message (selon l’opérateur), la facture grimpe vite. Proximus avait une formule d’abonnement qui réduisait le prix au-delà de 100 SMS, mais elle a été supprimée. La fédération des sourds bataille pour obtenir un tarif adapté. Véronique Gernay, qui mène ces négociations, espère obtenir un résultat à la rentrée."

Corinne TOUBEAU.

Info : FFSB (fédération francophone des sourds de Belgique): rue Van Eyck,11A, 1050 Bruxelles. Tél. : 02/644.69.01

Source : la Meuse - 29/8/2000