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Salon Alter-Egaux, le 23 septembre 2004 à Charleroi

La nouvelle secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, Gisèle Mandaila Malamba a expliqué les réalisations qui lui tenaient à cœur.

En voici la liste:

"L'emploi est un des axe prioritaire que je tiens à développer avec l’administration des prestations aux personnes handicapées et avec les ministres compétents en matière d’emploi public et privé des régions, des Communautés et du Gouvernement fédéral.

* Il faut inciter les personnes handicapées à chercher un travail en supprimant les pièges à l’emploi qui subsisteraient dans les mécanismes d’octroi des allocations spéciales ;

* il faut permettre à une personne handicapée qui perdrait son travail de retrouver rapidement des allocations spéciales ;

* il faut aligner le statut des allocations spéciales sur celui des allocations de chômage afin d’inciter les employeurs à engager des travailleurs handicapés et éventuellement compenser la réduction de productivité.

Je tiens à saluer ici l’initiative de la Région wallonne qui a lancé un appel public à des emplois réservés aux personnes handicapées, emplois de tous niveaux, pour des personnes peu qualifiées comme pour des universitaires appelés à occuper des fonctions supérieures. Le Gouvernement veut créer des milliers d’emplois ; il faut qu’un pourcentage significatif de ces emplois soit attribué à des travailleurs avec un handicap.

Une remarque importante : je n’ai pas l’intention de supprimer les allocations spéciales. Mais trop de personnes handicapées qui souhaitent travailler hésitent encore de peur de perdre leurs allocations. Cette position est compréhensible mais anormale. Une personne handicapée doit pouvoir choisir un projet professionnel tenant compte de ses attentes, sans craindre de perdre ses moyens d’existence.

J’entends tirer les leçons de l’année européenne : les actions seront entreprises avec tous les acteurs concernés, spécialisés ou non, avec les administrations publiques, avec les professionnels de la communication, avec les personnes handicapées. Je souhaite travailler avec les autres pays de l’Union européenne qui ont développé une expertise souvent plus développée que la nôtre. Je tiens à m’associer le concours de la Commission européenne. Cette sensibilisation devra s’appuyer sur deux conditions de base :

1. L’objectif premier est d’apprendre à vivre ensemble. Les personnes handicapées sont souvent mal comprises, parce qu’elles font l’objet d’images archaïques. Ma collaboratrice qui a un problème d’articulation est souvent considérée comme une déficiente mentale.

2. Trop longtemps, le mot " handicap " était tabou ; il ne fallait pas retourner le couteau dans la plaie. Il est temps de reconnaître que la personne handicapée est une personne vivant sa propre existence. Il n’est donc plus question de les écouter par bonne conscience mais bien de les écouter vraiment et de réfléchir ensemble.

Une autre avancée de l’année européenne est la prise de conscience que les lieux publics et semi-publics doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite. IL existe des règlements régionaux qui rendent contraignants l’application de normes dès que des travaux sont entrepris. Mais il y a surtout une Directive européenne qui s’applique donc en droit belge : en 2010, toutes les infrastructures devront être rendues accessibles ! Il y a donc du pain sur la planche. Et je souhaite d’abord balayer devant ma porte : les infrastructures et bâtiments de l’Etat fédéral devront être aménagés.

Il faut que tous les services de base soient rendus conformes aux normes. Je songe aux commissariats de police, aux cours et tribunaux, aux administrations communales, à tous les transports en commun (train, tram, métro, bus et avion), aux hôpitaux et polycliniques, aux bureaux de poste, aux guichets de banque, aux CPAS, aux écoles, aux centres culturels, aux académies. J’espère que nous sommes tous conscients que 2010, c’est dans un peu plus de 5 ans !

Certaines réalisations sont entreprises mais demeurent incomplètes.
Prenons l’exemple des transports : des bus adaptés ont été mis en service. Mais il existe plusieurs inconvénients : il n’y a pas assez de bus, ils ne roulent que la semaine et l’utilisateur handicapé doit prendre rendez-vous pour voyager.

Enfin, encore une avancée marquante de l’année européenne, c’est la loi du 25 février 2003 tendant à lutter contre la discrimination, en l’occurrence la discrimination liée à un handicap. Cette loi est-elle bien connue ? Je ne le crois pas. Nous devrons nous atteler à la faire connaître, afin qu’elle porte ses fruits. Selon cette loi, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme est chargé de recevoir les plaintes des victimes et des associations qui considèrent qu’il y a absence d’aménagements raisonnables.

Un protocole d’accord a été conclu entre le Gouvernement fédéral et ceux des Régions et communautés du pays afin de procéder à une définition de ce concept d’aménagement raisonnable. Il concerne une multitude de concepts : de l’aménagement du poste de travail à la modification d’un examen oral en écrit, en passant par l’admission des chiens d’assistance.

C’est une petite révolution ! Les personnes handicapées disposent d’une arme fondamentale pour se faire respecter. Encore faut-il qu’elles la connaissent pour en user à bon escient. Voilà un défi que nous revient à tous et auquel je travaille activement.

Tous ces axes doivent aboutir à modifier l’image de la personne handicapée. C’est un changement à opérer pour chacun, pour toutes les personnes. A nous, personnes valides de les écouter, d’admettre de ne pas savoir à la place de l’autre, mais à vous personnes handicapées de prendre la parole et d’émettre votre avis. A nous tous de communiquer et de nous respecter.

Voici le programme auquel je m’attacherai pour ne jamais " oublier notre indifférence ".