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Sexe, mensonges et vidéo

La vidéo au service des handicapes : la honte dans un IMP a Ciney !

Un reportage télévisé (RTBF) et plusieurs quotidiens ont relaté dans le courant du mois de juillet cette formidable aberration humaine et sociale.

En effet, à l'I.M.P. de Ciney qui héberge quelque 250 handicapés mentaux profonds et qui emploie 300 travailleurs, la direction souhaite un plan de restructuration pour des raisons économiques (trou de 20.000.000 de francs à combler).

Ce plan consisterait principalement à remplacer le travail des «veilleurs» de nuit par l'installation d'un système de surveillance des personnes handicapées par 200 caméras vidéos... Outre les premières réactions d'indignation légitime quant au respect de la vie privée des personnes handicapées, tombant sous le bon sens de n'importe quel individu, il semble judicieux d'en reprendre deux plus particulièrement: - la première émane des organisations syndicales de l'I.M.P. qui y voient autant une atteinte à la vie privée qu'une menace pour l'emploi, et qui par ailleurs craignent que cette initiative malheureuse ne crée un précédent pour tout le secteur social. Ce serait en quelque sorte le passage à l'ère de la robotique sociale. «...C'est la première fois que l'on veut placer de telles caméras, explique Mme Piette de la C.N.E.. Si elles sont acceptées à Ciney, on les installera aussi ailleurs. Il est inadmissible de faire des économies au détriment de la qualité du travail et des personnes handicapées». - la seconde nous vient du juriste de La ligue des droits de l'homme. Pour lui, la décision de la direction de Ciney est illégale car contraire à l'article 8 de la Convention Européenne des droits de l'homme qui garantit la protection de la vie privée: «... Ces caméras seraient une violence énorme. Chaque individu a le droit à un minimum d'intimité, même s'il est malade. Imaginez que l'on place des caméras dans les chambres de tous les habitants de Wallonie pour le cas où l'un d'eux serait souffrant, a-t-il précisé avant de faire référence à une décision du Conseil d'Etat qui consacre l'inviolabilité des locaux privés. Les défenseurs de ce système de surveillance vidéo affirment que celui-ci permettrait une réduction substantielle du personnel de nuit et, partant, des économies réelles pour l'institution. Mais avant de raisonner en termes d'emplois, c'est à nos yeux un problème d'éthique qui se pose : la chambre de la personne handicapée est son domicile privé, et on ne touche pas à des notions aussi fondamentales dans une société se voulant démocratique.

Et si toutefois on raisonne quand même en termes d'emplois, n'y-a-t'il pas dans la position de l'IMP un paradoxe au vu de la tendance sociale actuelle qui est de développer d'avantage les services aux personnes..