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2003, année européenne des personnes handicapées :

qu’il est long le chemin de Rome...

"2003? Comment cela, un échec ? Trois conférences internationales, dix séminaires, une directives, deux lois, douze brochures : de quoi vous plaignez-vous ? " Voilà, de manière à peine caricaturale, l’ambiance qui prévalait les 5, 6 et 7 décembre à Rome, lors de la conférence organisée par la présidence italienne pour la clôture officielle de l’année européenne des personnes handicapées. Des bilans, des ministres, des discours, et des personnes handicapées ou des parents de personnes handicapées qui se demandent à quoi tout cela a servi.

Et pourtant, 2003 restera dans les mémoires de beaucoup. Le 3 novembre, Alessandro, jeune italien de 19 ans, handicapé moteur, a pu, grâce à l’année européenne, rencontrer une centaine d’autres jeunes handicapés de toute l’Europe, dans un lieu mythique à ses yeux, le Parlement européen de Bruxelles. Le 6 décembre, il était orateur à la tribune. Chaque pays de l’Union aura ainsi connu une avancée grâce à cette année européenne.En Espagne, le gouvernement a édicté toute une batterie de lois qui devraient améliorer à terme les conditions de vie et l’accès au travail pour les personnes handicapées. En France, le président Chirac a placé l'intégration des personnes handicapées dans ses trois priuroités nationales. En Belgique, le Parlement a voté la loi sur l'anti-discrimination. Et dans toute l’Europe, des centaines d’émissions radio-tv ou d’articles et des centaines d'animations locales ou nationales ont permis aux personnes handicapées d’être nettement plus visibles et donc mieux comprises.

Mieux comprises ? La communauté des personnes handicapées est loin d’être un monolithe et est traversée d'opinions différentes voire divergentes. A Rome, Yannis Vardakastanis, président du Forum européen des personnes handicapées, a lancé un vibrant plaidoyer pour la suppression de toutes les institutions fermées de personnes handicapées. En privé, un autre militant convaincu avouait que, pour survivre lui-même, il venait de placer en internat son grand fils handicapé dont il s’est occupé 24 heures sur 24 pendant plus de 25 ans. Dans l’ensemble, les parents de personnes handicapées sont les plus frustrés de cette année 2003 : trop d’attention aux combats politiques des personnes handicapées, pas assez d’attention au concret et à la réalité quotidienne. Ce qu’a notamment exprimé Monsieur Jacques Lodomez, représentant à Rome la Coface, la Confédération européenne des associations de familles, dont la Ligue des familles est membre.

La conférence de clôture de l'année européenne s’est tenue dans un bâtiment du 17ème siècle dont Rome regorge. Entrée par le portique de façade pour 470 participants. Entrée par une porte de service latérale pour les 30 participants en chaise roulante. Personne n’a pensé à condamner la porte principale, par ailleurs dangereuse car débouchant immédiatement sur la rue, et à faire entrer tout le monde par la porte latérale…

Titillés par ce manque de tact des organisateurs, une majorité des 500 participants étaient d’accord : le chemin sera encore long avant d’atteindre une véritable intégration des personnes handicapées. En oubliant cependant l'énorme chemin déjà parcouru depuis 10 ans en Europe.

Tamarico